Concert Watine mai 2022 par photo Valérie BillardPhoto : Valérie Billard

Affiche En voiure Simone - Watine« Alors je vois, je sens, j’entends ; la lune réveille les gros papillons. Le vent chaud ouvre les belles de nuit ; l’eau des grands bassins s’endort. Écoutez en esprit les valses subites de ce piano mystérieux. Les parfums de l’orage entrent par les fenêtres ; c’est l’heure où les jardins sont pleins de robes roses et blanches qui ne craignent pas de se mouiller. “

La Fanfarlo ” Baudelaire


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A l’os
Au plus près de la matrice

De mon corps, la voix et les doigts
De mon esprit, le langage mélancolique
S’en viennent des textes, contés ou chantés
Et des notes d’ivoire,
Blanches et Noires
L’avant : Ravel, Debussy, Fauré, Saint-Saëns, Gounod, Satie
L’ensuite : Philip Glass, Nils Frahm, Hania Rani
Ils font partie de mon ADN
Envie d’appeler ce prochain album, de plusieurs noms

« N’Etre qu’Humaine » me revient sans cesse

14 et 21 mai 2022 :
J’ai eu la joie de recevoir à la maison une centaine de personnes, pour leur présenter ce nouveau projet dans sa première épure. L’émotion était palpable et beaucoup de larmes au bord des yeux. Le meilleur des retours.
J’avais besoin de cet encouragement pour décider de produire l’album.

Watine - Quentin Rollet Photo : Pascal Mongénie

J’entrerai donc dans cette phase courant 2022 et j’y convierai l’ami Quentin Rollet (label Rectangle) pour des improvisations au saxophone, telles qu’il a pu les offrir pendant le concert sur quelques titres.
Quelques mots des uns et des autres, présents au concert :

INDIEPOPROCK – Yan KOUTON

Les concerts à domicile de Catherine Watine

Samedi 21 mai, Catherine Watine donnait son deuxième concert à domicile, dans le cadre d’une ancienne Chapelle reconvertie en habitation ; en salle de concert exceptionnel pour l’occasion. L’intimité dans laquelle Catherine Watine a déroulé ce qui ressemble à l’âme d’un prochain album. Et toute la belle fragilité et émotion d’une œuvre en gestation ont trouvé là une résonnance singulière.

Catherine Watine a présenté des compositions pour la plupart inédites, dans lesquelles elle revient – après une fantastique trilogie largement instrumentale – vers la chanson et le chant. Sur des textes bouleversants, à la mélancolie puissante, elle écrit d’autres phrases, musicales celles-ci, sur son piano. Loin, malgré ce retour apparent au classicisme pop, d’une chanson française traditionnelle. C’est que le piano de Watine tutoie Fauré et Debussy et que rien n’est jamais vraiment orthodoxe dans son approche.

On le sait depuis longtemps, mais dans l’épure et la simplicité d’un tel concert, cela saute encore davantage aux yeux et aux oreilles. Watine a un univers sans équivalent, en équilibre entre la musique contemporaine et la pop. Entre limpidité et étrangeté fascinante. Tout en intimité et intériorité. Son jeu de piano, de prime abord ascétique, éclaire des mélodies et des harmonies renversantes. Des morceaux, qui dans l’acoustique naturelle de l’endroit, plongent l’auditoire dans une écoute profonde et sensible. Parfois accompagnée par le génial saxophoniste Quentin Rollet, créateur du label Rectangle, la musicienne a déployé ses futures chansons à la beauté troublante. Sa poésie délicate mais frontale, se pose sur ses compositions fines, qui, plus que jamais, font voler en éclats les frontières attendues de la pop.

Et, au-delà de ce moment proprement magique, le concert aura permis de lever le voile sur un album à venir. Un album dans lequel Catherine Watine se réinvente à nouveau. Ou plutôt dans lequel elle poursuit inlassablement son aventure musicale, faisant toujours bouger les lignes de la musique populaire et savante.

DES MOTS BLEUS (Labo d’écriture(s) – Didier JACQUOT

CONCERT EN DIRECT / CHAPELLE ARDENTE (CATHERINE WATINE)
Elle a pris des risques, Catherine Watine. Alors moi aussi.
Je vous propose une manière étonnante de suivre un concert : par écrit, comme si vous y étiez.
Sauf que c’était le samedi 14 mai . Concert privé avec du public. Voici ce que j’ai noté en direct.

Chez Watine. Dans sa maison. Une ancienne chapelle. Pleine de lumière.
Premier concert depuis sept ans, annonce l’artiste au moment de s’installer devant le piano. Pas n’importe quel piano. Le sien. « Il m’a sauvé » dit-elle. Voilà qu’on le regarde autrement. Elle dit cela après avoir lâché tout à trac les drames survenus dans sa vie ces dernières années.
Elle annonce : ce soir, c’est un test. Je me dis : c’est une messe. Fraternelle. Œcuménique. Amniotique.
Premières notes. Premiers mots. Voix blanche. « La vie c’est un pays étrange » On est dedans fissa. Doigts velours sur le piano cristallin. Je regarde mes comparses d’un soir. Une cinquantaine de personnes et le silence de celles et ceux qui écoutent en profondeur. Ce silence-là est tout aussi prenant que les chansons déposées par Catherine dans sa tunique colorée.
La voix pose des notes délicates. Il faut noyer le chagrin, attacher ses cris. Un saxo surgit soudain à l’étage, un souffle profond, qui poursuit, qui ponctue, qui prolonge.
On entend alors les respirations. Toutes les respirations. Nous voulons des anges. Volons parmi eux. Les chansons se suivent et Catherine Watine pousse le concert comme on trace sa route dans la roche. Tendre. Il y a des jours, on est maussade. Il faut traverser des avalanches. 
L’artiste chante avec émoi avant de laisser la parole au piano. Et réciproquement. D’un monologue en prologue on passe au dialogue en catalogue.
Nous voici plongés en bord de mer, à dos de dune. Galets et bois flotté.
« Je veux une cabane en verre pour y voir le monde ». Même si ce monde a trop d’adversaires.
Il est temps d’interpeller Albert. Einstein. Le monde s’use quand on le perd, quand les ruisseaux ne vont plus à la mer. Il pleut des mystères. Tout est relatif. Rien n’est résolu. On comprend les nuits sans sommeil, les jours sans fin.  Par-dessus mieux que par dessous surgit la beauté, nappe déposée sur la table des invités. De titre en titre, tout est fluide. Je hoche la tête. Je me perds avec aisance. L’œil regarde l’immobile, les oreilles entendent les contretemps, et il est digne, cet univers. Il flotte sur nos épaules comme des ailes qui se déploient et montent par-dessus les arbres.
Dans cette chapelle, la vie est partout finalement. Par-dessus le manque et les absents.
Un olivier dehors dodeline ses branches, on dirait qu’il complice. Ce concert ne pouvait jouir d’aucun autre écrin.
Puis voilà la nuit tombée. On voyage encore et encore. Embarqués au-delà de la vie sans répit sans repos.
On divague aussi près des vagues, vaguement. Le verbe est alerte, Watine chante l’instinct de survie. Fait pleuvoir des mots habités qui jouent entre eux pour dire avec la force fragile fébrile agile. Complainte qui jamais ne se plaint.
Et puis déjà, c’est la dernière chanson.
» J’écris des secrets sur les murs. Je garde la maison » .
Comme un bateau vogue sur l’eau, à l’ombre des cascades et des fontaines. Les artistes sont des explorateurs.

Watine par KatiaPhoto : Katia Vassalière-Rouard

Pierre LEMARCHAND (auteur de nombreux ouvrages, dont le dernier « Patti Smith et Arthur Rimbaud – Une constellation intime », et précédemment « Karen Dalton Le souvenir des Montagnes »,  « Bashung Fantaisie Militaire », « Nico the end »)J’ai particulièrement aimé « Dessine-moi la mer ». Il y a quelque chose de Barbara. J’ai aimé le côté brut – l’immédiateté de la prise, la voix qui se brise un peu, le rythme qui fluctue. Mais j’ai surtout pensé à Léo Ferré. Dans la manière dont tu chantes, dont tu parles aussi parfois, et dans les structures hors-format des chansons. C’est prometteur, Catherine !

Cathi MINI (Abus Dangereux, Persona)
Mes mots s’effacent sous la vague d’émotion qui est venue, repartie et revenue au fil de tes chansons, chaque fois un peu différente comme tes mélodies, mais chaque fois de retour avec la mélancolie, la sagesse, l’humour même de tes textes, tellement personnels, et pourtant justes et universels dans leur profondeur et leur pudeur. Merci tant d’exister et de nous montrer la puissance de la musique, de l’inspiration qui te traverse et nous transperce. Merci de la partager en direct, sans filet, sans artifice, avec juste ces petites surprises qui font qu’on a envie de revenir encore !

Anne DORR (auteur-réalisatrice de l’audiovisuel, membre du Conseil d’Administration de la SACEM) :
Merci tendre Catherine de ce joli moment hors du temps, de ce voyage dans lequel tu nous as emmenés… entre les rivages, les mers, les airs…  les appels… à l’AMOUR !
A toi, Léo FERRE au féminin, toutes mes félicitations pour tes œuvres et toute ma tendresse. Belle route !

Christian LARREDE (précédemment rédacteur les Inrocks) :
Je retrouve dans cette composition les influences de la musique savante européenne, en particulier Debussy ou les ondoiements de Ravel, déjà relevées dans tes partitions – et il ne faut pas être grand clerc pour relever nostalgie et profonde mélancolie entre les mesures.

David FARGIER (Vents d’Orage) :
Des airs de jazz où la mélancolie est reine, des airs qui rappellent quand Philippe Sarde faisait parler Michel et chanter Romy, des airs cinématographiques qui disent de vieux films muets chez Méliès ou Keaton, des airs de gouttes de pluie, des airs de quand Satie et Debussy lancent un coucou à Maissiat sur un vieux piano désaccordé, au fond de la salle de bal d’un vieux manoir.

Des airs de vents qui soufflent ici ou là-bas, des airs qui jettent en mer, des airs de rouille agrippée au fer, de terre qui pleure et qui espère.

Watine, elle s’appelle. Catherine, fragile comme un cil posé sur ma joue, comme la vie ne tenant qu’à un fil. Un fil d’elle à moi, d’une même toile où nous fûmes piégés. Un fil de moi à elle pour frôler la banquise sur un canot de fortune. Un fil pour que le ponton ne s’enfuie du bateau. Soleil couchant, face au large.

C’était tout ça, hier soir, au bord d’un jardin, dans une chapelle d’hommes et d’âmes glissant au son des notes d’un piano.

Judith BRUNEAU (Senior Management Talent Acquisition, directrice de production)
je commence par te dire merci de m’avoir invitée à ce moment privilégié, chez toi. Je ne savais pas que je serais, oui, je serais autant émue que je l’ai été. J’ai eu du mal à retenir mes larmes. Ta musique et tes mots me parlent, me touchent. Cela me rend heureuse. Je suis contente de te connaître.

Dave LE MONOCLE (auteur, photographe)
Merci Catherine pour ces éclats. Le nombre de visages, yeux fermés, face au soleil, tout en sourire, en dit long sur le pouvoir de ta musique. Un grand merci !

Charlotte ETC… (auteur et musicothérapeute)
Après des milliers d’années fracturées par les ressacs insensés, ce doux et mélancolique voyage sur les hauteurs de la Seine, entre Jean-Sébastien (Bach), Albert (Einstein), Frédéric (Chopin) et la mélodie française (Satie, Ravel, Debussy), au plus intime de toi. Cela valait le passage à la langue de Molière qui te sied comme un gant de feutre, sur un cœur de silence et d’argile. Douceurs à toi Catherine et n’aies crainte des fausses notes, elles sont toute la beauté d’un monde, même si ce dernier valse vers la déliquescence. Câlins parisiens !

Claude ADAM (photographe Jazz)
Très très ému par la beauté de vos textes. Merci pour tout.

Virginie GUILLAUMET (présidente Cultures JAZZ)
Catherine, merveilleuse beauté, le monde s’illumine de tes spontanéités de vie, de ton imaginaire. Tes émotions nous bouleversent, nous emmènent dans un univers entre féerie et mélancolie. A bientôt avec cet album merveilleux. Heureuse d’être venue t’entendre.

Aube LALVEE BARRIOL (musicienne et auteur-compositeur)
Un grand merci pour ce moment hors du temps ! Tu n’as pas besoin d’autre chose que de ton piano et ta voix de conteuse.

…… et je garde pour moi les autres mots laissés sur le carnet de voyage

Chappelle WatinePhoto : Katia Vassalière-Rouard